Tout a commencé lors d'un voyage à Lisbonne pendant la visite du parc du Castelo de São Jorge. Je me suis arrêtée devant un dessin de l'Atelier 49 que j'ai failli acheter, et j'ai pensé : "je vais partir de là". Revenue à Toulouse, je proposai à Gilles Bernard et à mes classes de terminales arts plastiques deux projets précis :
- l'un sur la création d'une illustration grand format d'un EVNI (traduisez "objet volant non-identifié), à caractère rétro-futuriste et inspiré notamment par l'histoire de l'aéropostale. J'envisageai deux prolongements : la réalisation de l'objet sous forme d'assemblage mobile en vue d'une exposition dans le lycée, puis l'impression de cartes postales reproduisant les créations des élèves.
- l'autre sur la conception de cartes ART POSTAL (grand format), reprenant des références historiques, culturelles, littéraires, musicales, artistiques, puisées notamment dans le dictionnaire amoureux réalisé par la classe de Yannick Malgouzou, et dans les partitions musicales d'Olivier Gavignaud, dont les deux concerts "La Ligne" dirigés par Caroline Vivès, Annie Guari et l'auteur, nous avaient tous subjugués. L'ensemble destiné à être également reproduit en format réduit cartes postales.
Tout créateur a besoin d'inspirations, de connaissances, de nourritures spécifiques pour pouvoir s'exprimer sur une feuille blanche avec émotion. Pour se faire, nous avons été amenés à visiter le musée Clément Ader, à écouter les histoires incroyables de Gérard Boy et de Marie Perny sur la naissance d'Eole et de l'épopée héroïque de tous ces aviateurs, à consulter de nombreuses bandes dessinées, des ouvrages et des photographies d'époque sur le sujet, à regarder les machines de Léonard de Vinci et autres inventeurs, à découvrir les portraits de Saint-Exupéry dans l'atelier de la sculptrice toulousaine Madeleine Tézenas du Montcel, et enfin, à voyager par l'imagination en regardant avec émotion une de nos camarades voler sur le Bréguet XIV à l'aérodrome de Moissac Castelsarrazin.
Cette aventure incroyable fut avant tout humaine pour les élèves et moi-même. Philippe Teissier nous proposa la réalisation d'un film documentaire avec ses étudiants en bts audiovisuel, retraçant le processus de création des élèves pour le projet EVNI. Nous avons pu apprécier dans cette finalité émouvante, la genèse de toute oeuvre, son cheminement, son aboutissement ; cette performance, filmée en très peu de temps, fut une des reconnaissances du travail des élèves. La création, cela prend du temps, c'est source de repentirs, de rebondissements, de ténacités, de déceptions, mais surtout de plaisirs à manipuler les couleurs, les surfaces, à jouer avec les formes, les mots, le graphisme, le collage, à détourner les documents, à refaire le monde … pour le montrer tel qu'il fût, tel qu'il est, et tel qu'il pourrait être. Vous allez le découvrir au fil des images.
La meilleure des transmissions et des prolongements possibles sur ces deux projets ? Sans doute des cartes postales publiées pour la semaine des arts 2018 : un clin d'œil, une trace, un remerciement pour le travail de tous les partenaires du projet JORL cette année, enseignants et élèves du lycée St-Sernin. Une histoire différente racontée sur chacune des cartes, une missive singulière à laquelle il vous faut répondre, un message du passé, du présent et de l'avenir sur nos vies, nos créations, nos liens, nos métissages, nos rencontres, nos voyages, nos passions, nos rêves, nos souvenirs, et portés aussi par le dictionnaire amoureux réalisé par les classes de seconde de Yannick Malgouzou.
Bonne découverte et bon voyage à tous.
Véronique Pacaud,
Professeure d'arts plastiques au Lycée public Saint-Sernin de Toulouse